– Pouvez-vous nous raconter vos parcours universitaires et professionnels ?
J’ai fait mes études à HEC Paris, une école de commerce française. En 3ème année, je me suis spécialisée au sein du master Entrepreneurs. Là, j’ai travaillé sur différentes missions aux côtés d’entrepreneurs, sur des projets de création, de reprise ou de développement d’entreprise. J’ai par ailleurs suivi la Chaire « Social Business – Entreprise et pauvreté », qui m’a permis d’avoir une vision d’ensemble sur le secteur de l’entrepreneuriat et du Social Business. Tout naturellement, j’ai donc choisi de m’engager dans la voie de l’entrepreneuriat social à la fin de mes études !
-Pour vous quelle est la meilleure façon pour trouver une idée de création d’entreprise ?
Selon moi, une bonne idée d’entreprise, a fortiori d’entreprise sociale, part du constat d’un problème réel et de la recherche d’une solution nouvelle et efficace à ce problème. Comme le dit Einstein, « si j’avais une heure pour sauver le monde, je passerai 59 minutes à étudier le problème et 1 minute à imaginer la solution ». Ainsi, la meilleure façon de trouver une idée d’entreprise sociale est d’observer la réalité, de comprendre les problématiques et les enjeux que la société rencontrer et d’en chercher les causes profondes. Une fois les causes véritables identifiées, la solution vient généralement d’elle-même. Cette analyse passe par une immersion de terrain nécessaire, au cœur de situations et aux côtés des personnes qui vivent au quotidien les problématiques ciblées. Vous voulez créer une entreprise ? Cherchez de vrais problèmes à résoudre !
Ensuite, l’idée n’est que le début du long chemin qui mène à la création d’entreprise. En effet, on dit souvent que l’idée ne représente que 10% du succès, le reste réside dans l’implémentation. Et nous le vérifions chaque jour ! C’est en mettant en place son idée qu’on peut l’expérimenter sur le terrain, l’affiner et la faire évoluer au fil des retours des utilisateurs et bénéficiaires. L’idée finale ressemble souvent peu à l’idée de départ ! Mais si le problème est bien ciblé, les chances de succès sont démultipliées.
-Pouvez-vous nous en dire plus sur SenseCube ?
SenseCube est un programme d’accélération destiné à de jeunes entrepreneurs sociaux innovants.
L’idée du SenseCube est née alors que j’étais en stage au Comptoir de l’Innovation, un fonds d’impact investing. Là, j’ai découvert que de plus en plus d’investisseurs sont intéressés par l’entrepreneuriat social, de plus en plus d’argent est donc disponibles pour des entrepreneurs sociaux matures. Cependant, peu de projets d’entrepreneuriat social atteignent une taille critique suffisante pour recevoir ces fonds. Il est donc nécessaire de soutenir les entrepreneurs sociaux en phase de lancement pour les aider à atteindre une taille suffisante.
Pour cela, nous croyons dans la puissance de nouveaux modèles de start-ups sociales, utilisant les technologies digitales pour mobiliser de fortes communautés locales et atteindre un impact pertinent à large échelle. Nous avons créé l’accélérateur SenseCube pour soutenir cette nouvelle génération de start-ups sociales.
Concrètement, le SenseCube est un programme de 6 mois destiné à des entrepreneurs sociaux en phase de lancement. Pendant 6 mois, nous les accompagnons sur le prototypage de leur concept et de leur service social ou environnemental, puis sur la mobilisation de leurs premières communautés leur permettant de se répliquer. Nous les suivons toutes les semaines et les hébergeons dans notre espace d’innovation. Nous développons un réseau de mentors et d’experts disponibles pour organiser des formations collectives ainsi que des sessions de mentorat individuelles. Enfin, les entrepreneurs sont immergés au sein de la communauté MakeSense, une communauté de 15 000 volontaires à travers le monde, prêts à propulser leur projet !
-Quelles sont pour vous les clés de réussites en entrepreneuriat ? Que pensez-vous de l’échec en entrepreneuriat ?
Je ne prétends pas détenir les clés de réussite pour entreprendre. Cependant, en travaillant aux côtés d’entrepreneurs depuis plusieurs années, certaines qualités et attitudes me paraissent essentielles. L’une des clés réside dans l’expérimentation et l’amélioration constante de ses idées. Comme je l’ai dit plus tôt, on imagine rarement du premier coup la bonne solution. C’est en la testant sur le terrain et en la faisant évoluer au fur et à mesure que l’on parvient à des solutions pertinentes. L’ouverture d’esprit, le courage d’aller sur le terrain et la capacité à intégrer les retours sont alors essentielles. Pour tenir sur la distance, la passion est également essentielle : il faut avoir à cœur de résoudre les enjeux ciblés, croire en son projet et l’incarner jusqu’au bout ! Enfin, le pragmatisme et le réalisme sont nécessaires pour faire face aux obstacles du quotidien et les surmonter un à un.
L’échec en entrepreneuriat fait partie de la route. Dans la Silicon Valley, on dit qu’il faut tester 7 boites pour réussir. Cela est un point de vue extrême, mais édifiant ! On apprend souvent plus par l’échec que par la réussite. L’important est de savoir rebondir sur ses échecs, d’en tirer les enseignements importants pour ne pas répéter les mêmes erreurs.
-Que pensez-vous de l’entrepreneuriat après les études ?
Entreprendre après ses études est génial ! Jeunes et plein de rêves, les étudiants ont souvent soif de changement. De plus en plus, les étudiants ont à cœur d’apporter leur pierre à l’édifice, pour construire une société plus juste.
Certes, certains diront qu’il faut d’abord gagner en expertise en travaillant dans un grand groupe et en cabinet de conseil. Certes, certains diront que l’on manque de compétences et de réalisme à la sortie de ces études. Mais je crois que la « soif » du jeune entrepreneur et l’envie de changer les choses peuvent faire bouger des montagnes. Il s’agit ensuite de bien s’entourer pour faire grandir son projet.
L’entrepreneuriat après les études, je suis donc pour !
-Un dernier mot pour tous les jeunes qui souhaitent entreprendre ?
Vous souhaitez entreprendre ? Repérez le problème qui vous tient à cœur, imaginez une solution et allez la tester de la façon la plus simple qu’il soit ! Ce sera surement le début d’une belle aventure.