Copyright all rights reserved Blablacar
Peux-tu nous raconter ton parcours universitaire et professionnel ?
J’ai fait un BTS communication puis une licence IUP Info Com à Lyon. J’ai ensuite fait un master en Management du sport. En tant qu’ancienne gymnaste je suis passionnée de sport et je me voyais bosser pour les J.O. sans pour autant exclure le secteur de l’écologie qui me passionnait aussi. Je suis partie 6 mois en Australie par la suite pour parler anglais. A mon retour j’ai trouvé un poste en agence à Paris pour le compte du Ministère de l’écologie en tant que chef de projet de la Semaine européenne de la mobilité. C’est justement en créant du contenu sur la mobilité durable que j’ai rencontré Frédéric Mazzella. Le début de l’aventure BlaBlaCar commence pour moi !
Quels est le parcours du fondateur Fréderic Mazzella ? A l’époque comment a-t-il eu l’idée de BlaBlaCar ?
Parcours en dates de Frédéric Mazzella :
1994 : Bac scientifique et élève au Conservatoire national supérieur de musique de Paris en piano
1997 : Master de Physique à l’Ecole normale supérieure
2002 : Masters d’informatique à Stanford University puis chercheur pour la NASA
2000 : Chercheur pour NTT au Japon
2006 : Création de BlaBlaCar (appelé Covoiturage.fr à l’époque)
2007 : MBA à l’INSEAD
BlaBlaCar est né d’un besoin personnel. Frédéric Mazzella devait rentrer en Vendée depuis Paris pour les fêtes de Noël, en 2003, mais tous les trains affichaient complet. C’est finalement sa sœur, habitant alors à Rouen, qui est passée le prendre. Et sur la route, il s’est rendu compte que la plupart des voitures étaient vides. Il a alors réalisé qu’il y avait des places libres pour rentrer chez lui : elles n’étaient pas dans les trains mais dans les voitures ! Les 72 heures suivantes, il a imaginé toutes les possibilités d’un service de covoiturage synchronisé via Internet et téléphones mobiles. Il s’est dit que si cela existait, il en serait le premier utilisateur. Voici ici un lien vers la genèse de BlaBlaCar : https://www.blablacar.fr/blog/success-story
Pourquoi avoir intégré une start-up très tôt ? Pourquoi BlaBlaCar ?
Comme je le disais précédemment j’ai eu l’opportunité de rencontrer Frédéric Mazzella alors que BlaBlaCar n’était qu’au début de son histoire. Le site s’appelait d’ailleurs covoiturage.fr à l’époque. Il avait les moyens d’embaucher un seul salarié et m’a fait cette proposition. Je croyais au covoiturage, il fallait faire quelque chose pour optimiser les places vides dans les voitures. Au début je n’avais même pas du bureau, nous étions dans une ambiance très startup ! Nous avons choisi de communiquer sur des aspects particuliers qui ont d’ailleurs fait le succès de BlaBlaCar : l’économie et la confiance.
Peux-tu nous en dire plus sur BlaBlaCar ? Quel est votre business model ?
Aujourd’hui BlaBlaCar c’est 20 millions de membres, répartis sur 19 pays. Nous mettons en relation des conducteurs voyageant avec des places libres et des passagers qui souhaitent faire le même trajet. Les coûts du trajet (péage et essence notamment) sont partagés entre les covoitureurs. Pour la petite histoire, le nom « BlaBlaCar » vient du fait que les covoitureurs choisissent s’ils sont plutôt « Bla », « BlaBla » ou « BlaBlaBla » en voiture selon leur degré de bavardage.
Copyright all rights reserved Blablacar
Quelques chiffres clés :
– 20 millions de membres à travers le monde
– Une présence dans 19 pays
– 10 millions de personnes transportées par trimestre
– Une application mobile téléchargée + de 15 millions de fois
Nous avons testé plusieurs business model avant de trouver le bon. Le modèle que nous avons finalement choisi est celui dit transactionnel avec réservations des places en ligne. Nous prélevons une commission sur chaque trajet. Ce modèle était le plus fiable, mais aussi le plus juste : c’est la façon la plus transparente, la plus équitable et celle qui apporte le plus de valeur ajoutée pour notre activité. Ce système de réservation en ligne permet d’engager à la fois le
passager et le conducteur. Le taux d’annulation et de désistements est d’ailleurs passé de 30% à moins de 3%. C’est aussi un modèle dans lequel la rémunération est proportionnelle au volume d’utilisation du service.
Copyright all rights reserved Blablacar
Quels sont les projets à court et moyen terme pour BlaBlaCar ?
Nous allons poursuivre notre expansion internationale. Nous sommes actuellement présents dans 19 pays, mais nous voulons aller partout où il y a des routes et des smartphones ! Nous étudions donc les marchés où nous pourrions nous implanter à l’avenir. A plus court terme nous préparons les vacances de Noël, période synonyme de forte activité pour le covoiturage. D’une manière générale nous sommes dans une logique permanente d’amélioration du service. La plateforme BlaBlaCar est sans cesse enrichie pour pouvoir répondre au mieux aux attentes de nos membres et nos futurs membres !
D’autre part nous continuons à recruter, à grandir, ce qui signifie aussi accompagner ce changement, intégrer les nouveaux arrivants.
En tant que première salarié quelles sont tes tâches quotidiennes ? Qu’est-ce que tu préfères ?
Je suis à la fois porte-parole et « culture captain » chez BlaBlaCar. J’interviens donc dans de nombreuses conférences sur différents sujets : l’économie collaborative, la culture d’entreprise, l’innovation, la mobilité… Je réponds également aux interviews de la presse.
Je suis aussi chargée de la culture d’entreprise de BlaBlaCar. Concrètement je travaille sur plusieurs projets concernant l’intégration des nouveaux salariés, comme le BlaBlaLearn par exemple, un outil de formation interne en ligne. Je m’occupe de les accueillir pendant leur semaine d’intégration : l’Onboarding. Globalement je m’assure que nos 10 valeurs vivent pleinement au quotidien en créant des outils et des événements qui permettent de les appliquer
Ce que je préfère c’est la créativité, pouvoir apporter de nouvelles idées pour améliorer l’existant.
Quelles sont pour toi les clés de la réussite en entrepreneuriat ? L’équipe, le réseau, les opportunités ?
Il ne faut pas simplement avoir la bonne idée, il faut aussi savoir la mettre en œuvre. Pour cela il s’agit de bien s’entourer, ne pas se lancer seul, définir des valeurs clés, et accompagner au mieux la croissance de l’entreprise. Chez BlaBlaCar les valeurs que nous avons définies tous ensembles en 2013 sont réellement le reflet de notre identité. En voici quelques-unes: « Done is better than perfect. », « The member is the boss. » ou encore « Share more. Learn more. ».
Ces valeurs font partie intégrante du quotidien, nous les utilisons tous les jours, c’est cela qui nous rassemblent et nous rappellent pourquoi nous sommes là. Je pense que c’est très important en entrepreneuriat de se réunir autour d’une vision commune, afin que tout le monde aille dans la même direction.
Que penses-tu de l’échec en entrepreneuriat ?
« Fail. Learn. Succeed. » est justement l’une des 10 valeurs de BlaBlaCar. Le but est de dédramatiser l’échec, pourvu que l’on apprenne de cette expérience. L’échec peut-être une bonne chose, à condition de savoir d’où il vient et d’en tirer des leçons afin de ne plus reproduire les mêmes erreurs. Nous avons d’ailleurs mis cette idée en application dans plusieurs de nos méthodes de travail. L’idée est de partager, de communiquer entre nous sur ce qui a marché mais aussi sur ce qui n’a pas marché, afin de gagner en efficacité.
Que penses-tu de l’entrepreneuriat après les études ?
Je n’ai pas d’avis sur la question. Ça n’a pas été le cas chez BlaBlaCar, les 3 cofondateurs ainsi que les « early employees » avaient tous travaillé avant de rejoindre la startup.
Un dernier mot pour tous les jeunes qui souhaitent entreprendre ?
Le conseil que je peux donner c’est d’être soi-même utilisateur du service ou du produit que l’on créé. C’est la meilleure façon d’identifier les besoins des consommateurs, déceler les failles du produit et pouvoir l’améliorer sans cesse. A BlaBlaCar une de nos valeurs clés est : « Think it. Build it. Use it. ». Nous sommes tous covoitureurs et c’est ainsi que l’on a pu créer une plateforme de qualité !