Peux-tu nous raconter ton parcours universitaires et professionnels ?
Après être diplômé d’HEC en 2003, j’ai commencé ma carrière en finance. A cette époque, c’était la voie classique et seulement 2 à 3% des étudiants tentaient l’aventure de l’entrepreneuriat contre 20% aujourd’hui. Il faut dire que l’éclatement de la bulle internet avait refroidi tout le monde, entrepreneurs et investisseurs.
Je suis parti travailler à Dubaï un an, pour voir un peu de pays; puis j’ai travaillé dans un fonds d’investissement à Paris pendant 3 ans. J’ai rencontré à cette occasion un industriel de 55 ans qui m’a fait confiance et m’a proposé de racheter l’unité aérosols aluminium d’Alcan à ses côtés; c’est comme ça que je suis devenu Directeur Financier d’un groupe industriel de 650 salariés. Cette « première expérience entrepreneuriale » a pris fin 7 ans plus tard, avec le rachat par un groupe américain.
J’ai créé LeBonBail en 2014 : il existe une plateforme française et une plateforme belge.
Pourquoi l’entrepreneuriat ?
Déjà parce que j’en ai eu l’occasion, la vie est faite d’opportunités qu’il faut saisir !
De plus parce que ma première expérience chez Aerocan avait déjà été une première formidable expérience entrepreneuriale, et lorsque j’en suis parti cela m’est apparu comme une évidence.
Peux-tu nous en dire plus sur Lebonbail ? Pourquoi ce projet ? Quel est votre business model ?
Lebonbail est né d’un constat très simple, fait à l’occasion d’une location d’appartement en 2014. Le propriétaire m’a proposé un contrat papier presque illisible (une photocopie de photocopie). Je n’y connaissais pas grand-chose, comme la plupart des millions de bailleurs et locataires qui signent un bail chaque année, mais j’ai cherché une alternative. Et là je n’ai rien trouvé de satisfaisant : les modèles papiers étaient soit simplistes et obsolètes, soit à jour avec la législation mais totalement incompréhensibles pour le commun des mortels. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire.
La question était de savoir si l’on pouvait proposer un super service d’automatisation juridique du contrat de bail qui soit à la fois simple, fiable juridiquement… et gratuit.
Chacun peut désormais rédiger gratuitement un contrat bail en ligne à partir d’un formulaire intelligent qui s’adapte à sa situation. Mais notre service ne s’arrête pas là. Le bailleur peut vérifier ses obligations d’annexes liées à la zone dans laquelle il se situe avec notre vérificateur, inviter le locataire à compléter ses informations en ligne, signer électroniquement, recevoir des alertes à chaque échéance juridique du bail, etc.
Le business model repose sur les partenariats que nous mettons en place avec des entreprises partenaires pour tous les services annexes à la location. La location est un moment d’achat pour le bailleur (diagnostics immobiliers, réalisation de l’état des lieux, assurance) et le locataire (déménagement, souscription de contrats de gaz & électricité, assurances, etc.). Nous proposons le meilleur service de rédaction de bail qui existe et nous nous faisons rémunérer par nos partenaires lorsque nos utilisateurs souhaitent entrer en contact avec eux. Si ce n’est pas le cas, nous ne gagnons rien mais l’utilisateur repart au moins avec un contrat valide juridiquement !
Cliquez ici pour visionner la vidéo de présentation du LeBonBail
En quoi ton business est-il pertinent ? Quels sont les projets à court et moyen terme ?
Notre objectif, c’est de mettre fin au modèle de bail papier qui ne correspond plus à la complexité de la loi, ni aux modes de réservation et de location en ligne.
Notre projet actuel est de proposer à tous les sites et logiciels immobiliers (agences, gestion locative, annonces en ligne) d’inclure notre outil de rédaction de bail dans leur site, en marque blanche (techniquement dans une i-frame). Cela apporte une vraie valeur ajoutée à leurs utilisateurs. Nous avons mis au point le meilleur outil sur le marché et nous voulons le diffuser le plus largement possible.
De plus, nous venons d’apporter l’option de signature électronique entre bailleur et locataire. Cela porte une vraie valeur écologique, car environ 4 millions d’exemplaires de contrat sont imprimés chaque année en France, correspondant à 140 millions de pages. Notre autre projet consiste donc à convaincre nos utilisateurs de signer en ligne.
En tant qu’entrepreneur, quelles sont tes tâches quotidiennes ? Qu’est-ce que tu préfères ?
Les tâches évoluent rapidement : entre l’établissement du cahier des charges il y a 18 mois et ce que je fais aujourd’hui, il y a un monde. Je n’ai pas de tâches préférées…nous sommes maintenant 7 dans l’équipe et ce que j’aime c’est de voir grandir le projet et les équipes.
Quelles sont pour vos les clés de la réussite en entrepreneuriat pour toi ? L’équipe, le réseau, les opportunités ?
Rencontrer et s’entourer des bonnes personnes est essentiel. Le réseau aide beaucoup, c’est évident. Ne rien lâcher, faire preuve d’abnégation : il y a forcément des moments compliqués. Quant aux opportunités, elles se présentent toujours à un moment donné ; il faut savoir les saisir.
Que penses-tu de l’échec en entrepreneuriat ?
Il faut indéniablement y être préparé quand on se lance. Pour le reste, on essaie de beaucoup positiver l’échec comme un apprentissage sur la route du succès. Cela peut avoir un impact positif pour encourager à se lancer, mais je ne suis pas certain que cela soit indispensable de trop y songer.
Que penses-tu de l’entrepreneuriat après les études ?
Je pense que c’est une très bonne chose. Pour l’expérience, c’est peut-être mieux de pouvoir se confronter au monde de l’entreprise 2 ou 3 ans avant de se lancer, mais il n’y a pas de règles.
Somme toute, je pense que c’est fantastique de pouvoir se lancer lorsque l’on est étudiant: les barrières technologiques et financières se sont considérablement abaissées et permettent à des étudiants d’entreprendre. Ils auront besoin d’un relais financier rapidement, mais ils ont malgré tout un accès plus facile à l’entrepreneuriat qu’il y a 15 ans.
Un dernier mot pour tous les jeunes qui souhaitent entreprendre ?
Entreprendre, c’est un challenge car c’est une prise de risque. Certains font le tour du monde, d’autres des sauts en parachute… si vous sentez que vous avez la fibre entrepreneuriale, foncez ! Ce sera tout aussi excitant.